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Ainsi, encore qu’il soit hautain forgeur de vers et isolé par son essence même de toutes compromissions, M. Georges Vanor a conquis les suffrages de la chronique parisienne.

Je crois avoir découvert la raison de cet événement merveilleux et, ici, je la dirai pour la seule fin de prêter quelque réconfort aux âmes nourries d’esthétique mais dépourvues du pain de gloire et qui attendent Les Temps à la flamme inaperçue de leur génie.

Ce siècle laborieux, qui nous enfanta est une époque de synthèse.

A qui regarde avec quelque largeur d’attention les événements intellectuels apparus depuis la grande saignée des guerres impériales, il semble de toute évidence que l’humanité moderne ramasse dans les temps passés les forces par elle émises, les restaure, les revit, en exprime l’essence et amalgame cette essence aux principes déjà acquis par l’excellence de son génie critique. Le Romantisme retrouva le décor, la magnificence et l’honneur fort galvaudé par l’analyse du XVIIIe siècle qui allait trop au fond des choses sans se douter des Causes idéales et théoriques. Le brigandage de la Révolution et des guerres suivantes avaient amoindri la délicatesse du cœur. La Société du Directoire fut une déplorable société, mal récrépie par les soudards du Bonaparte, plus mal tenue par les faméliques dévorateurs de la Restauration, qui compensèrent largement le long jeûne de l’exil obligatoire. Le Romantisme réagit et créa cette brave bourgeoisie honorable, mais bornée aux mœurs étroites de protestants que promulguèrent