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trouvaient ramassées entre l’Ambigu et la place du Château-d’Eau, devenue place de la République : Théâtre-Lyrique, Gaîté, Ancien Cirque, Folies-Dramatiques, Délassements Comiques, Petit-Lazari et Funambules.

C’était, chaque soir, l’endroit le plus animé de Paris, où se pressait la foule, au milieu des cris des marchands d’oranges et des vendeurs de programmes, auxquels se mêlaient les tin-tins engageants des marchands de coco.

Là, dès six heures du soir, se rendaient en famille les bons bourgeois du Marais ou des quartiers Saint-Denis et Saint-Martin, sortis de chez eux pour aller « au spectacle » suivant l’expression alors usitée, — pas à tel ou tel théâtre choisi ou désigné d’avance, non, « au spectacle » tout court. On arrivait sur l’immense terre-plein et, devant toutes ces façades illuminées, on se promenait en hésitant à la lecture des affiches, se décidant enfin pour le titre le plus suggestif ou pour l’endroit où la queue, moins pressée entre les barrières de bois, semblait offrir plus de chances de trouver des places.

Les mœurs ont bien changé depuis lors et, suivant le mot de Jules Noriac à propos des Bouffes, il est certains théâtres auxquels on va pas : on s’y destine.