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aux Bouffes une opérette de Paul Ferrier, musique de Gaston Serpette, la Petite Muette. Serpette, qui était le plus fantaisiste des Parisiens et le plus Parisien des fantaisistes, avec son air endormi et sa moustache en berne, avait eu le bizarre caprice de faire la connaissance du bourreau d’alors, qui s’appelait Roch. Naturellement il l’invita à venir voir sa pièce et l’invitation fut acceptée avec empressement. Le soir, Serpette triomphant annonçait dans les coulisses :

— Vous savez, Roch est dans la salle ! Il s’agit de dérider cet homme-là !

Comme la pièce approchait des dernières représentations et qu’on n’avait pas prodigué « les faveurs », il n’y avait guère qu’une demi-salle, ce qui n’empêchait pas le public de s’amuser ferme. Pendant un entr’acte, Serpette fit faire à son invité le tour des loges d’artistes, ni plus ni moins qu’à un simple grand-duc. Quand ils arrivèrent à la loge de Daubray, le réjoui comique accueillit ce spectateur peu banal en lui disant :

— Hein ? Nos représentations sont plus gaies que les vôtres ?

— Oui, répondit avec bonhomie Monsieur de Paris, mais il y a moins de monde…


17 mars 1912.