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cachaient sous ces travestissements variés. Pour les femmes, cela allait de soi, aucune d’elles n’ayant consenti à renoncer aux grâces de son visage. Il en était autrement pour les hommes, et, si j’eus tôt fait de retrouver mon confrère Georges Boyer dans un sensationnel pêcheur napolitain et l’acteur Grenier, reparaissant en malade poursuivi par un apothicaire, qui était Dupuis, je demeurai longtemps intrigué devant un fort gars normand à la tête broussailleuse, au teint coloré, moustachu comme un chef gaulois, revêtu d’une blouse bleue à broderies blanches qui se tenait droite sous l’empois et ayant à la main un gros bâton à lanière de cuir. Ce « toucheur de bœufs », qu’on aurait dit venu en ligne droite de la Villette, n’était autre que le caricaturiste Grévin, un colosse qui faisait de si délicats dessins.

Le seul dont on ne réussit à percer l’incognito que tout à la fin et lorsqu’il le voulut bien, ce fut Siraudin avec son habit noir. Il faut dire que ce vaudevilliste, déjà célèbre pour avoir donné son nom à un magasin de confiserie, ne l’était pas moins à cause de son crâne aussi poli et luisant qu’une bille de billard ; à ce point que l’auteur des Marionnettes lui-même,