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C’est au Gymnase qu’Anna Judic, Anna Damiens, de son nom de jeune fille, parut pour la première fois devant le public, le 1er septembre 1867, dans un acte d’Edouard Cadol et William Busnach, l’Affaire est arrangée, où l’acteur Pradeau lançait à tout propos à sa camarade Mélanie cette interrogation cocasse : « N’est-ce pas, ma sœur ? » qui devait connaître la gloire de devenir une scie à la mode sur le boulevard, comme plus tard le : « C’est immense ! » de Daubray dans la Jolie Parfumeuse.

Après ce début plus que modeste, Judic, qui comptait dix-huit printemps à peine et trouvait malaisément sa voie au théâtre, se tourna vers le café-concert. Elle entra à l’Eldorado où son mari, Israël, dit Judic, était régisseur, et y conquit tout de suite une place au premier rang avec ses chansonnettes à la fois naïves et égrillardes, dont tout un répertoire avait été composé exprès pour elle par l’acteur Boisselot. Il faut l’avoir entendue dans le Sentier couvert pour se rendre compte de l’effet qu’elle savait produire avec un simple clignement de ses yeux souriants et malicieux.

Grand’maman, vous avez passé par là !