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tous ceux qui l’ont connu ont conservé le plus aimable souvenir. Ce grand garçon si gai, si accueillant, si serviable, à la mine ouverte, à la voix chaude, d’une activité joyeuse, avait la passion du théâtre. Ayant pris la direction de l’Alcazar Royal de la rue d’Arenberg, alors simple café-concert, il s’était promis d’en faire un jour une scène rivalisant avec celle, toute voisine, des galeries Saint-Hubert. Et il avait toutes les qualités voulues pour se tenir parole. Il avait surtout celle qui agit le plus sûrement, la confiance et une foi inébranlable dans tout ce qu’il entreprenait. Jamais on ne vit un optimisme aussi complet. Dès qu’il avait une pièce entre les mains, c’était un chef-d’œuvre et, pas un instant, il ne doutait de la réussite. À ce point qu’un soir, après une première plutôt douteuse, je l’ai entendu dire à un des auteurs :

Je suis bien tranquille ! Ça marchera cent fois, vous verrez. D’abord, je vous garde ici jusqu’à ce que ce soit un succès !

— Oh ! non ! répondit l’autre. Je risquerais trop de ne jamais rentrer à Paris !

Donc, Humbert, après avoir amené chez lui la foule avec Judic qu’il était venu prendre à notre Eldorado, se mit à glisser sur son affiche un acte, puis deux puis trois. Puis, il supprima complètement les chansonnettes et, tout en conservant le