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savait chez moi, il m’appelait sur mon balcon en agitant une petite sonnette. Seulement, rien de ce que nous nous disions ne pouvait demeurer un secret pour les voisins. Si bien qu’à la fin, agacé, il eut l’idée d’installer le téléphone pour notre usage particulier — cela bien avant qu’Edison et Graham Bell se fussent révélés à l’un et l’autre monde. Bien entendu, notre appareil était des plus primitifs : il s’agissait tout bonnement de ce jouet d’enfant bien connu qui consiste en deux petits tambours de carton reliés par un fil assez long. Tel qu’il était, il nous permettait de causer suffisamment lorsque les bruits de la rue voulaient bien faire trêve un moment. Et puis quel avantage inappréciable : pas de demoiselles du téléphone ! Un simple coup de sonnette et nous avions tout de suite la communication. Nous avions établi la chose, une belle nuit, au moyen de deux ficelles descendues de nos fenêtres respectives et que chacun n’avait eu qu’à ramener à soi pour que tout fût prêt à fonctionner. Pendant longtemps, ce fil aérien ne cessa d’intriguer les passants qui s’avisaient de lever le nez. Heureusement pour nous, parmi ces passants, il ne se trouva pas un seul agent ; sinon, ce n’était pas l’opérette, mais le procès-verbal qui nous guettait !