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et aménagés en habitations plus ou moins confortables, que l’on appelait des « caloges ». Un d’eux servait même de logis au compositeur Wekerlin, une physionomie inoubliable, avec sa barbe et ses cheveux hirsutes et sa mise si éloignée de toute recherche, qui auraient annoncé plutôt un homme sauvage qu’un musicien épris de mélodies fines et délicates.

Quant au Casino, en dehors du billard et des tables d’écarté, où la partie était parfois assez forte, il n’offrait guère, comme distraction, qu’un jeu de petits chevaux, installé au sous-sol et où l’on ne gagnait pas de l’argent, mais simplement des lots consistant en faïences et porcelaines variées. Il était assez amusant de voir les joueurs heureux entasser devant eux une collection de chats, de chiens, de coqs ou de lapins ; mais les initiés savaient que tous ces bibelots leur seraient, en sous-main, repris contre espèces à la fin de la séance : comme cela, la façade était sauve et la morale officiellement respectée.

Bien entendu, le smoking y était inconnu et, pour les jeunes, la tenue obligatoire, jusqu’à l’heure du dîner, était la vareuse de molleton bleu et le béret. Sur ce point, Paul Aubert était un maître des cérémonies intransigeant : dès qu’un nouvel arrivant lui était signalé, et avant de le laisser pénétrer sur la terrasse du Casino,