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— Non ! Pas ce soir.

Un immense éclat de rire secoua tous les spectateurs et Désiré, subitement dégrisé, put terminer la pièce avec sa verve et son succès des meilleurs jours.

Après Fleur de Thé, le Petit Poucet, de Laurent de Rillé, dont le livret avait été écrit par deux jeunes auteurs déjà inséparables, Eugène Leterrier et Albert Vanloo, et où débutaient Anna Van Ghell, qui arrivait de Bruxelles, et le bon gros Daubray, qui, lui, venait tout simplement du Théâtre Déjazet.

La pièce marchait fort bien, mais le Pactole amené dans la caisse par la première série de Fleur de Thé s’était épuisé à la longue depuis la réouverture et l’on vivait au jour le jour, en payant par acomptes sur la recette de chaque soir, les arriérés dûs aux décorateurs, aux costumiers et aux autres fournisseurs, sans compter les artistes. Voilà qu’un beau jour, peu de temps après la première, Laurent de Rillé accourt chez un de ses collaborateurs :

— Mon cher, nous sommes perdus ! On ne jouera pas ce soir. Et il y a plus de trois mille cinq de location !