Son successeur, Dechaume, était un type curieux. Brave homme, mais complètement illettré, grêlé à rendre une écumoire jalouse, il avait commencé par être vendeur de programmes et de chaussons aux pommes aux Funambules.
Lorsque fut décidée la disparition en bloc du boulevard du Crime, entre l’expropriation et le moment où devaient arriver les démolisseurs, il s’écoula une période d’environ trois mois, pendant laquelle les Funambules restaient vacants. Dechaume, qui ne pouvait se décider à les abandonner, les prit à son compte et y donna une grande pantomime, les Mémoires de Pierrot, qui lui rapporta pas mal d’argent.
Dès lors, sa vocation se trouvait décidée : adieu, les chaussons aux pommes ! Quand il se retira devant les premiers coups de pioche, ce fut pour acheter le théâtre Saint-Pierre. Incapable de déchiffrer lui-même les manuscrits, il se les faisait lire par les auteurs et savait fort bien démêler où se trouvait le succès.
Lui aussi, il eut ses fournisseurs en titre : tout d’abord, la raison sociale Laporte et Rigodon — un nom à souhait pour un vaudevilliste. Ce nom-là sur une affiche, c’était déjà une promesse de gaieté.
Puis, Auguste Jouhaud, un bonhomme d’auteur qui mérite bien une courte mention. A le