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franchit, pendant un temps, les limites du quartier.

Il occupait l’emplacement d’un ancien lavoir. La salle formait une sorte de triangle ou d’éventail et ne comportait qu’un simple rez-de-chaussée, divisé en fauteuils, en stalles et en parterre, où l’on était assez mal à l’aise, mais avec l’avantage appréciable de bien voir de toutes les places.

Détail assez pittoresque et qui vaut d’être relevé : les strapontins étaient ignorés, mais, pour y suppléer, aux jours d’affluence, comme l’allée centrale était assez large, on avait imaginé de délivrer au contrôle, en même temps que le billet d’entrée, une planche, qui, appuyée de chaque bout sur les fauteuils, pouvait servir à deux personnes, et c’était chose amusante, de voir pendant les entractes, des spectateurs se promenant avec leur siège sous le bras, pour être assurés qu’on ne leur prendrait pas leur place.

Comment l’idée avait-elle pu venir à quelqu’un d’ouvrir un théâtre dans ce passage où il ne passait pour ainsi dire personne et qui n’était occupé que par de petits ateliers et des logements à bon marché ? Seul le fondateur pourrait nous le dire, s’il était encore de ce monde. Le fait est qu’il l’ouvrit et y réussit même assez pour prendre peu après la direction du théâtre du Havre. Il se nommait Husson, si j’ai bonne mémoire.