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et moi, par un petit acte : On nous écrit de Marseille, suivi bientôt après d’un grand vaudeville en trois actes : Au Grand Cerf.

Je ne sais pas de quelle façon il s’y était pris pour faire accepter sa première pièce ; quant à moi, c’est à mon estomac que je dus la réception de la mienne.

C’était un vaudeville pas bien méchant, intitulé Un mariage aux Petites-Affiches, que nous n’aurions jamais eu l’audace de présenter à un théâtre comme les Variétés ou le Palais-Royal, mais dont nous n’aurions pas été fâchés de voir l’effet sur un public, quel qu’il fût. Comme je demeurais avec ma famille assez près des Folies-Saint-Antoine, l’idée me vint d’y porter mon manuscrit, à tout hasard.

Mais ce n’était pas chose facile : « Monsieur le directeur est occupé sur la scène et n’est pas visible », me répondit le cerbère préposé à l’entrée de ce paradis rêvé. Je repassai plusieurs fois, à des heures différentes, « monsieur le directeur » était parti ou n’était pas encore arrivé. Enfin, un matin, mon cerbère voulut bien me confier que son patron était en train de déjeuner à côté chez le marchand de vin du coin.

Chez le marchand de vin, diable ! Mais, pour être joué, par où n’en passerait-on pas ? Je franchis bravement le seuil et j’aperçus, en effet, mon homme.