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La plaisanterie était plutôt cruelle, mais la victime n’eut pas à s’en plaindre, car le lendemain Paul Aubert lui faisait avoir un emploi de Coryphée, avec des appointements plus que consolateurs.

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Puis ce fut le tour de Cœdès, un compositeur d’un réel talent, qui n’eut certes pas la situation qu’il aurait méritée. Cœdès était souffleur à l’Opéra et, après avoir peiné toute une soirée à « envoyer » aux chanteurs les répliques de leurs rôles, il éprouvait le besoin de se reposer en nous amusant de sa verve cocasse et de ses inventions bouffonnes. Il avait même créé une expression qui fit un moment le tour de Paris. « C’est mixte et catapultueux ! » s’écriait-il à propos de tout, du temps qu’il faisait, de la pièce qu’on venait de jouer, d’une histoire qu’on lui contait. La juxtaposition de ces deux mots ne signifiait absolument rien, et c’était tout justement plus qu’il n’en fallait pour faire son chemin. Au piano, il était un improvisateur étonnant de drôlerie, soutenant que les librettistes étaient gens inutiles et qu’il se chargerait bien d’écrire une partition entière sans eux et rien qu’avec les annonces parues à la quatrième page de n’importe