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Le premier parti, fut le brave Paul Aubert, si affable, si heureux de vivre, qu’une congestion emporta subitement au moment où il songeait sans doute à une de ces farces qu’il se plaisait à machiner de longue main et qui excitaient d’avance son bon gros rire satisfait. Je me souviens qu’un soir, à l’époque où Albert Vizentini, dont il était l’ami intime, se préparait à transformer la Gaîté en théâtre lyrique — bien avant les frères Isola — il me recommandait de ne pas manquer de venir au théâtre dans l’après-midi du lendemain.

— C’est jour d’auditions et, comme Vizentini ne sera pas là, je me suis chargé de le remplacer.

— Vous !

— Oui ! Ces auditions-là sont pour la forme. On écoute, on donne de bonnes paroles, on prend les adresses, et ça suffit.

Le lendemain, il était à son poste, avec un air de circonstance. Ce fut réjouissant. A l’un, il demandait le plus sérieusement du monde s’il y avait déjà eu des chanteurs dans sa famille. A un autre, il disait :

— Vous ne pourriez pas me chanter quelque chose en espagnol. Je suis persuadé que votre voix sonnerait bien mieux dans cette langue-là.

Pour finir, se présentait un garçon barbu, assez gauche, se proposant comme ténor.