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ne chômait pas un seul instant et les intermèdes se succédaient, si bien que, souvent, l’aube pointait avant qu’on se fût décidé à se séparer.

Mais c’était surtout les soirs de première que la réunion battait son plein. Notre grand salon était alors trop petit pour recevoir tous ceux qu’on aurait voulu accueillir. Entre minuit et deux heures du matin, le sort de la pièce se trouvait fixé et, lorsque nous arrivaient, au sortir des presses, les premiers exemplaires des journaux du matin, ils ne faisaient guère que confirmer le jugement rendu par ce groupe de Parisiens avertis. Et l’on avait en plus la surprise d’un de ces feux d’artifice de salon, dont Édouard Philippe s’était fait une spécialité. Il en avait toujours les poches bourrées et, au moment où l’on s’y attendait le moins, de dessous votre chaise, du lustre suspendu au-dessus de votre tête, du verre que vous alliez prendre, du plat où vous vous prépariez à porter la main, jaillissaient des gerbes d’étincelles multicolores, sans que l’on pût savoir comment cela s’était produit, l’artificieux artificier ayant tout disposé à l’avance et dissimulé habilement de minces fils de fulmi-coton qu’il n’avait qu’à enflammer de sa place avec le bout de son cigare, tout en ayant l’air d’être plongé dans une conversation des plus sérieuses avec