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de statuts et de cotisations et dans lequel il eût été impossible de trouver le moindre jeu de cartes. Son nom même lui avait été donné par antiphrase et la pipe en terre cuite, que chaque membre recevait lors de son admission, n’était que pour lui rappeler que cet instrument était impitoyablement banni de ces lieux.

Le Pipard avait été fondé, ou plutôt s’était fondé de lui-même, aux environs de 1873. A l’origine, nous étions six ou huit à peine, auteurs, journalistes, artistes ou habitués des théâtres, qui avions eu l’idée de nous donner rendez-vous chaque soir après le spectacle, chez Brébant, dans un grand salon du premier étage. Là, mêlés au reste des consommateurs et attablés devant un modeste souper, nous passions gaîment une heure ou deux à échanger les nouvelles et les potins du jour. Au bout d’un mois, nous étions une douzaine et bientôt après plus de vingt, si bien que les soupeurs étrangers s’étaient trouvés peu à peu écartés et que nous restions seuls maîtres du salon où notre premier soin fut d’installer un piano meilleur que celui qui était à la disposition du public. Dès lors, le Pipard commençait d’exister. Mais comme le bruit n’avait pas tardé à se répandre, il nous fallait tout de suite aviser à nous défendre contre l’envahissement de convives « indésirables ». A défaut de statuts il fut établi une sorte de règlement portant