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bruits de la rue étant tout de même un peu gênants pour un travail suivi de balcon à balcon, il nous fallait bien de temps en temps nous résigner, tantôt l’un, tantôt l’autre, à descendre les cinq étages pour remonter les cinq correspondants, mais ce n’était pas sans déplorer de n’avoir pas à notre disposition une fée bienfaisante à qui il aurait suffi d’un coup de baguette pour nous éviter cette peine. Hélas ! Depuis feu Clairville, les fées ont disparu. Car il y croyait bien, l’excellent homme, à ses fées. N’est-ce pas lui qui, à un collaborateur qui désespérait de sortir d’une situation, disait le plus sérieusement du monde :

— Pardon, mon cher ami, vous oubliez que la Fée des Lilas est toute-puissante !

Tout d’abord, notre scénario marchait à souhait : les situations, les personnages, les incidents, se présentaient avec une facilité des plus encourageantes. Il y avait pourtant un point noir auquel nous ne pouvions songer qu’en tremblant, le dénouement. Comment reconnaître, entre ces deux fillettes mélangées dès le berceau, la fille d’une marquise et celle d’une paysanne ? Il va sans dire que les combinaisons les plus invraisemblables et les plus compliquées étaient tour à tour mises en avant et repoussées avec horreur. Nous nous trouvions bel et bien accrochés et sur le point de donner nos deux langues à la légion de chats qui