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joueurs, quand il se sentait les belles cartes en main, il allait de l’avant et risquait allègrement la partie, mais, au premier échec, il se mettait à douter de tout et de lui-même. Je me rappelle qu’au moment de monter une pièce, il me demandait :

— Vous y croyez, vous ? Moi, je ne sais plus !

Lorsqu’il disparut, il ne laissait que peu d’amis et ce n’était pourtant pas un méchant homme. En ce qui me concerne, je n’ai jamais eu à me plaindre de lui et si, dans la discussion ou l’exécution de certains traités, je l’avais vu apporter un peu plus de finesse qu’il n’aurait fallu, en revanche, il lui arriva assez souvent, pour tenir une promesse qu’il m’avait faite verbalement, d’aller contre son propre intérêt. Mais son humeur autoritaire et un peu tracassière lui avait aliéné bien des gens.

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De ses premières années, il avait conservé cet esprit de taquinerie, qui l’avait tout d’abord mis en évidence. Faire une bonne niche ou une plaisanterie — pas toujours bonne — était pour lui une joie qu’il ne savait pas se refuser. Et cela lui^ valait quelquefois une rebuffade ou un coup de boutoir,