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Tarbé, le frère du fondateur du Gaulois. Ce grand et solide garçon, qui respirait la santé et la joie de vivre et qui devait pourtant s’en aller en pleine jeunesse, était à ce moment chargé en partie de la critique musicale au Figaro, et, par plaisir, quand ce n’était pas par métier, il passait toutes ses soirées dans les théâtres. Il me dit :

— On a donné hier à la Gaîté un drame de Victor Séjour, la Madone des roses, où il y a un décor d’incendie tout à fait saisissant, que je veux voir de près. Venez donc avec moi.

Sur la scène des Arts-et-Métiers, nous fûmes reçus par le jeune directeur, qui jouait déjà son va-tout avec cette pièce, dont le principal rôle, il m’en souvient, était tenu par Adèle Page, une actrice toujours vantée au boulevard pour sa beauté, encore qu’elle eût passé la cinquantaine. Malgré son état de nervosité assez explicable, il nous fit le plus aimablement du monde les honneurs de son « clou » dont il était fier et sur lequel il comptait pour remettre ses affaires. Le décor était véritablement curieux à voir des coulisses — peut-être même plus que de la salle — et j’en ai conservé l’impression la plus nette.

Sur la toile de fond, était peint l’intérieur d’un immense palais tout en flammes ; un peu en avant, des « fermes » représentaient des colonnes, des planchers, des escaliers, tordus, calcinés,