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qu’il y apportait — d’en donner une idée très nette. Qui ne l’a pas entendu jouer et chanter España n’a rien entendu !

Comte fut tout d’abord effaré : cela le changeait tellement des musiques auxquelles il était accoutumé ! Mais justement à cause de cela — un peu aussi parce qu’il n’avait pas d’autre pièce en perspective — il se décida à tenter la partie. Et puis la belle humeur du compositeur l’avait gagné à sa cause.

Il fut convenu que l’Étoile passerait au début de la saison 1877-1878 et, dès le mois d’octobre, les études commencèrent avec Daubray, Jolly et Jannin dans les rôles d’hommes et, pour la partie féminine, Paola Marié, Berthe Stuart et Luce, la fille de l’auteur dramatique Couturier et de la tragédienne Cornélie. Ces études se passèrent le plus tranquillement du monde, les artistes s’amusant de leurs rôles, Paola Marié surtout, qui était ravie de faire sonner ses belles notes graves, que Chabrier s’était plu à mettre en valeur.

Mais quand arriva le jour où il fallut répéter à l’orchestre, il faillit y avoir une révolution au théâtre. Les musiciens, habitués aux accompagnements plutôt simplets en usage dans l’opérette et qui ne demandaient guère que cinq ou six répétitions, eurent un mouvement d’horreur en trouvant les parties étalées sur leurs pupitres.