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était, lorsqu’il avait terminé un numéro, de vouloir y revenir inlassablement pour le revoir, le modifier et, au besoin, le compliquer. Sans cesse, nous étions obligés de lui faire la guerre à ce propos, mais, collaborateur très facile, il consentait de la meilleure grâce à tout ce que nous lui demandions.

— Au fait, nous disait-il, vous savez mieux que moi ce qu’il « leur » faut !

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La pièce terminée, il restait à lui trouver un débouché et ce n’était pas chose commode, à cette époque, de faire accepter trois actes d’un musicien tout à fait inconnu. Nous eûmes pourtant la chance d’y arriver assez vite. Les Bouffes-Parisiens avaient alors pour directeur Charles Comte, le gendre d’Offenbach. Après lui avoir communiqué le livret, qui ne lui déplaisait pas, nous le décidâmes à écouter la musique. Chabrier la lui fit entendre avec toute sa virtuosité de pianiste et sa mauvaise voix de compositeur, contre laquelle il pestait lui-même et qui, dans les notes élevées, voisinait d’assez près avec le miaulement du chat ou le galoubet du canard, sans pourtant l’empêcher — telle était l’intensité d’action