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dans une soirée privée d’un cercle parisien, le 1er mai 1870, il y aura bientôt trente-quatre ans. Attendre pendant trente-quatre ans une première représentation, cela peut passer pour un record et c’est une preuve de plus de la malechance qui a toujours poursuivi le remarquable auteur de Gwendoline, et qui n’a cessé que lorsqu’il était déjà trop tard. S’il avait pu se produire à temps et aussi facilement qu’il l’aurait voulu, qui sait ce qu’il nous aurait laissé d’œuvres précieuses, dont le découragement finit peu à peu par tarir la source qui s’annonçait si riche et si abondante?

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En écoutant l’autre jour cette musique alerte et d’une verve tout à fait personnelle, interprétée de façon parfaite par Mmes Rachel Launay et Coulomb et par le baryton Bourgeois, je ne pouvais m’empêcher d’évoquer le souvenir du bon Chabrier de jadis, tel qu’il m’apparut pour la première fois chez un ami commun, le peintre Gaston Hirsch.

C’était en 1875. Depuis longtemps, Hirsch nous manifestait, à Leterrier et à moi, le désir de nous faire connaître un jeune musicien assez répandu dans le monde des ateliers et avec lequel il s’était lié chez Manet.