Page:Vanloo, Sur le plateau.djvu/193

Cette page n’a pas encore été corrigée

*
* *


Mais j’ai hâte de laisser ces images trop tristes pour revenir encore aux jours heureux où nous avons pu jouir de cette amie si rare.

De la place du Palais-Royal aux Tuileries où elle circulait toujours à pied, elle était connue et populaire. Très myope, elle osait à peine traverser une rue toute seule, par crainte des voitures — que serait-ce aujourd’hui, avec messieurs les chauffeurs ? Dans ces cas-là, elle n’hésitait jamais à réclamer l’aide d’un agent ou, à défaut, celle du premier passant dont la mine lui inspirait confiance. Une fois qu’il commençait à faire sombre, elle s’adresse à un jeune apprenti tapissier qui, tout fier de l’honneur, arrondit son bras le plus galamment du monde et comme, le passage franchi, elle voulait le remercier :

— Oh ! madame Samary ! Cela n’en vaut pas la peine ! répond le garçon.

Et il ajoute, avec noblesse et conviction :

— Du temps de Molière, les tapissiers portaient l’épée !

Elle en riait encore le soir, en nous le contant.

*
* *

A Trouville, il lui arrivait, surtout pendant la