Page:Vanloo, Sur le plateau.djvu/189

Cette page n’a pas encore été corrigée

de Lucette dans Monsieur de Pourceaugnac ! On n’en pouvait saisir un traître mot, mais tout cela était lancé avec une telle volubilité et des sonorités si amusantes, que la salle entière en était soulevée. C’était la soubrette rêvée de Molière, dans toute sa verdeur saine et gauloise.

*
* *

Cette santé morale et cette franchise qui lui attiraient toutes les sympathies sur la scène, elle les possédait également dans la vie privée. Honnête femme avant tout, mais sans pose ni bégueulerie, aussi simple de cœur que sa personne était rayonnante, c’était bien le camarade le plus sûr et le meilleur que l’on put trouver. Mariée dès ses premières années de théâtre avec un excellent et charmant homme, Paul Lagarde, le frère du peintre, elle avait deux toutes petites filles, dont l’une est aujourd’hui Mme Broussan et l’autre Mme Moncharmont. Ses deux bébés étaient toute son adoration et, bien souvent, le soir, pendant un entr’acte, Toinette, Madelon ou Nicole, jetant un manteau sur son costume et la tête enveloppée d’une mantille, s’échappait du théâtre pour courir chez elle, rue de Rivoli, s’assurer que les chères petites s’étaient bien endormies et qu’il ne leur était rien arrivé.