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qui semblait la vie, la lumière la gaieté elles-mêmes.

C’était Jeanne Samary, la petite-fille de Suzanne Brohan, la nièce d’Augustine et de Madeleine, qui venait de remporter son premier prix au Conservatoire et de débuter, avec un succès éclatant, dans la Dorine du Tartuffe, à la Comédie-Française. Quelques invités, qui l’avaient reconnue, l’avaient saisie au passage pour la mettre à contribution. Avec sa bonne grâce coutumière, elle avait consenti à s’exécuter, et les tirades succédaient aux monologues, le tout entremêlé de joyeuses saillies et de fusées de rire — ce rire des Brohan, qu’elle tenait de famille et qui semble bien perdu pour toujours !

Ce fut, du reste, une des rares fois que l’on put l’entendre en dehors de la scène, car plus tard, elle s’était fait une règle absolue de décliner toutes les propositions et toutes les demandes auxquelles certains artistes ne sont que trop portés à céder.

Pendant plus d’une heure, nous avions été tenus dans l’enchantement, et, quand elle fut partie, malgré le cliquetis des castagnettes et le grincement des guitares qui continuaient à faire rage, il me semblait que la soirée venait de perdre le plus clair de son animation.