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auquel il voulait faire les honneurs d’une estudiantina nouvellement débarquée. Ces jeunes Espagnols, avec leur costume, le grand manteau et le chapeau agrémenté de la cuiller traditionnelle, avaient un vrai succès de curiosité. On se les arrachait et ils devaient même servir de clou à plus d’une revue. Il en est revenu d’autres depuis, mais le charme était épuisé et passé l’engouement de la nouveauté. Toujours est-il qu’en cette année 1875, ils étaient dans le plein de la vogue et que l’annonce de ce « numéro » à sensation avait attiré une nombreuse foule d’invités dans le bel hôtel de la rue de Boulogne, que l’on n’avait pas encore débaptisée au profit de l’architecte Ballu.

Du rez-de-chaussée au premier étage, on ne rencontrait que journalistes, auteurs et célébrités mondaines de toutes sortes, pendant que les étudiants, s’évertuant à « plumer la dinde », emplissaient les salons de leurs coplas et entassaient jotas sur seguidillas et sur malagueñas.

Un moment, pour me reposer du bruit et de la cohue, j’eus l’idée d’aller me réfugier dans la bibliothèque, qui se trouvait en aile sur la cour. Bien m’en prit : au milieu de la vaste salle le long de laquelle couraient les rayons chargés de livres, se tenait, pérorant et riant, entourée d’un cercle assez restreint, mais choisi, une jeune fille toute resplendissante,