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qu’une idée, s’enfuir et se débarrasser au plus tôt, dans un couloir, de la robe fatale. Surpris à un moment par un huissier qui lui demande ce qu’il fait là, il lui répond qu’il apporte à Me Carraby sa robe et sa toque. A la censure, on nous dit :

— Avez-vous l’autorisation écrite de Me Carraby ?

— Non.

— Il nous la faut.

Vite une lettre au célèbre avocat, qui nous répond pour décliner l’honneur que nous voulions lui faire et nous prier de nous adresser à un autre de ses confrères, plus digne.

Nous aurions pu faire ainsi tout le tour du barreau, aussi prîmes-nous la résolution de porter notre choix sur un mort qui, lui, ne protesterait sûrement pas — le propre défenseur de Louis XVI.

Mais quel rire, lorsque Daubray débita, de la façon que vous pouvez vous imaginer :

— J’apporte à Me Malesherbes sa robe et sa toque. — Me Malesherbes, mais il n’est pas au Palais. — Ah ! Où est-il donc ? — En province. — C’est bien ! J’y vais…

Jamais le nom de Carraby ne nous aurait valu un pareil effet. Ce qui prouve bien que la censure avait du bon.

4 septembre 1912.