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où grouillait un nombre infini de points noirs : tous les corbeaux du département, qui avaient fui les campagnes inhospitalières pour chercher un refuge à Paris !

Cela ne nous inspirait que peu d’idées riantes pour le soir ; pourtant, malgré ce temps si favorable aux ours, la pièce n’en fut pas un et réussit beaucoup.

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Un dernier souvenir qui marque à quel point les habitudes ont changé depuis ces temps, qu’on dirait préhistoriques. Aujourd’hui, on ne se gêne pas pour mettre les gens à la scène en les nommant tout à trac et il n’y a guère de protestations. D’aucuns s’en montrent même ravis. Mais, à cette époque-là, pour prononcer sur un théâtre le nom d’une personne vivante, il fallait une autorisation écrite de la personne même. Ainsi, dans le Huis-clos, un acte joué en 1883, nous avions donné à Daubray un très long monologue — cent cinquante lignes environ — où il racontait son affolement lorsque s’étant introduit sous un costume d’avocat à la correctionnelle, pour assister indûment à une affaire des plus croustillantes, il s’était vu désigner d’office par le président pour remplacer un défenseur pris de malaise. Il n’avait