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d’une maladie de foie, semblait faire tous ses efforts pour dominer une crise quand il disait d’un ton dolent :

— Soyons gais ! Du mouvement ! Il y a bien longtemps que vous êtes à la même place. Sautez par--dessus cette chaise. Fourrez-vous sous cette table pour commencer votre déclaration. A présent, faites semblant de vous asseoir sur le canapé, qui se dérobera derrière vous et vous continuerez comme si vous ne vous étiez aperçu de rien. Il faut rester dans le comique, mes enfants !

— « Cherchons la coloquinte » était aussi un de ses mots favoris.

Plunkett, avec son air flegmatique et ennuyé d’Anglais, avait, de plus, l’oreille d’un dur à rendre des points à toutes les trappes de son théâtre. Il portait à chaque instant la main à son oreille en manière de cornet acoustique et souriait pour se donner l’air d’avoir entendu. Choler, lui, ignorait le sourire.

Il y avait encore Henri Luguet, à la fois artiste et régisseur, le seul être vraiment jovial de la maison, et le souffleur Garin, qui mérite une mention spéciale, car ce n’était pas un souffleur ordinaire. Toujours très correctement vêtu et d’une tenue parfaite, il était pour tous un véritable collaborateur, donnant au besoin son avis aux artistes