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ma famille, m’a témoigné jusqu’aux derniers jours une affection que je n’ai jamais oubliée.

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Quelle que fût l’heure à laquelle nous arrivions chez lui — il habitait alors un hôtel assez vaste avec un grand jardin, au 77 de la rue d’Amsterdam — nous le trouvions en bras de chemise à sa table de travail, couvrant de sa large et rapide écriture de longs feuillets de papier bleuté, qu’il jetait au fur et à mesure autour de lui. Le parquet en était jonché et il fallait mille détours et précautions pour l’approcher sans marcher sur la copie éparpillée. Dès qu’il m’apercevait, il me criait de sa bonne voix gaie :

— Tu arrives bien ! Vite à quatre pattes, ramasse-moi tout cela et mets les pages en ordre. Puis, quand j’avais terminé :

— Tu vois, c’est déjà un commencement. Nous ferons quelque chose de toi !

C’est sans doute un service de ce genre qui m’avait valu ce fauteuil à la première. Mais je tombais mal, car le succès ne fut pas des plus brillants. Il s’agissait d’une comédie en trois actes, le Verrou de la Reine, mettant en scène Louis XV et Marie Leczinska séparés par le Cardinal Fleury, dont les manoeuvres se trouvaient