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méticuleux, encore plus exigeant pour lui-même que pour ses collaborateurs, au point qu’il n’hésitait jamais à récrire de fond en comble un morceau, quand il croyait pouvoir trouver mieux. De cela, je puis citer un exemple bien caractéristique :

Un jour, il me dit :

— J’ai lait le duo du troisième acte. Il faut que je te le joue pour avoir ton avis.

Et, se mettant au piano — le petit piano à six octaves — il me fit entendre la musique écrite sur ces paroles :

Ma belle Girofla,
Ma timide gazelle,
Ma blanche tourterelle,
Tout près de moi viens là !…

— C’est exquis ! m’écriai-je aussitôt.

— Tu trouves ? Ce n’est pas mal, en effet, et j’en étais assez content. Mais j’en ai refait un autre qui sera plus dans la couleur.

Il me joua alors un second duo — celui qui devait figurer dans la partition et dont l’effet fut et est toujours si grand. Je fus bien obligé de lui donner la préférence ; cependant je ne me décidais que difficilement à renoncer à l’autre, qui m’avait tout à fait séduit.