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fignoler d’un commun accord. Plusieurs fois par semaine, j’allais chez lui, dans l’appartement qu’il occupait avec sa mère à un premier étage de la rue Neuve-Fontaine, aujourd’hui rue Fromentin, une bonne rue bien tranquille, où l’on se serait cru en province. Là, nous passions des heures à polir et repolir les scènes musicales, assis dans son petit salon, devant une petite table auprès de laquelle se trouvait un petit piano Empire qui n’avait que six octaves et qui lui a servi pour composer ses premières partitions. Il l’a toujours conservé depuis comme fétiche. Je me rappelle avoir fait ainsi jusqu’à sept versions différentes du finale du second acte, qui n’arrivait jamais à nous contenter.

Lorsque je restais deux ou trois jours sans le voir, j’étais certain de recevoir par la poste quelque demande de changement, formulée de façon humoristique, dans le genre de ce billet que je retrouve : « Mon cher ami, je t’envoie un monstre pour le grand ensemble du deux. Les vers sont de neuf pieds, mais qu’importe le nombre des pieds, quand ils sont propres ! » Aujourd’hui, on n’est même plus si regardant !

D’autres fois, la missive était ornée de petits dessins et de croquis explicatifs, pour m’indiquer la mise en scène telle qu’il la comprenait, car apportait aux moindres détails le soin le plus