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carabiné que celui dont je vais conter l’histoire. Mais il ne faut se vanter en rien et je ne voudrais décourager personne. Aussi me contenterai-je de noter tout bonnement la chose, sans en tirer autrement vanité.

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C’était l’année d’avant la guerre. Nous étions, Leterrier et moi, tout à fait des débutants : lui, simple expéditionnaire à l’Hôtel de Ville ; moi, suivant encore — d’un peu loin — les cours de l’École de Droit, où, malgré mon peu d’assiduité, je venais de décrocher quand même mon diplôme de bachelier : le courage m’a manqué pour le reste. Les minutes administratives entassées sur son bureau ne suffisaient pas au bonheur de l’employé de la Préfecture de la Seine, pas plus que ne me passionnaient les Institutes de Justinien — ce monstre odieux, comme on chante dans les Deux aveugles — avec leur jus aquœ aut oneris ferendi, ni même le Code civil avec son chapitre sur « les servitudes ou services fonciers » ni le titre si palpitant « des contrats ou obligations conventionnelles ». Des titres de pièces, à la bonne heure ! Voilà ce qui nous occupait plus dignement. Jusque-là, en dehors du Petit Poucet avec Laurent de Rillé à l’Athénée