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Parmi les habituels invités de ces aimables réunions, où à Delibes, Detaille et Bizet, avaient succédé Coquelin, Vibert, Victorin Joncières, mon pauvre ami Raoul Toché et tant d’autres, il en est un que je ne voudrais pas oublier, car il m’a laissé un souvenir amusé. C’est Émilien Pacini, le traducteur du livret du Trouvère, auquel il avouait n’avoir lui-même jamais compris grand’chose. Homme charmant, d’ailleurs, et plein d’urbanité, mais ne parlant que par aphorismes que l’on se répétait avec joie. Ludovic Halévy avait même, en riant, manifesté l’intention de les réunir en une Paciniana qui n’aurait pas manqué d’agrément. Il m’en revient en mémoire deux ou trois que je ne puis résister à noter ici :

Tout d’abord, ayant épousé une femme riche, il avait peur de passer pour avoir fait un mariage d’argent. Aussi portait-il toujours sur lui un carnet où il notait soigneusement ses dépenses, pour bien établir qu’elles n’excédaient pas ses revenus propres :

— Ce carnet, jeune homme, me disait-il gravement, c’est le carnet de mon honneur !

Une autre fois, tirant sa pipe, il affirmait :