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Perse dans sa bonne ville d’Étretat. Cette année-là, Albert Wolff, le chroniqueur du Figaro, avait entrepris la besogne avec moi et devait, en même temps, se charger du rôle principal, la portière de la plage, qui remplaçait le compère traditionnel.

Ceux qui ont vu une fois Albert Wolff peuvent s’imaginer ce qu’il devait être sous ce travesti. Malheureusement, dès son entrée, il avait à débiter un assez long rondeau sur les potins du pays. J’avais eu déjà pas mal à lutter pour obtenir de lui le temps nécessaire à bâcler nos scènes principales, mais, quant à le faire venir aux répétitions, il fallut y renoncer. La partie du casino était une concurrence contre laquelle il n’y avait pas à lutter et il était bien plus occupé à faire la chouette à l’écarté qu’à apprendre son rôle :

— Je le saurai ! me répétait-il. Je le sais déjà presque. Du reste, pour plus de sûreté, vous allez me le copier très gros et nous l’accrocherons derrière un portant, où je pourrai le consulter, si la mémoire me manque.

Ainsi fut fait. Seulement, dès les premiers vers, il s’embrouilla. Alors, s’emparant du papier, il se mit à lire. L’effet n’en fut pas moins grand, au contraire, mais, au milieu des rires, on n’entendit pas un seul mot — ce qui, après tout, n’était pas un dommage si regrettable.