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Après le dessert, il en arrivait d’autres et l’on ne se séparait que vers minuit, après avoir causé joyeusement ou fait un peu de musique ou bien encore improvisé quelques folles parties de baccara — un baccara patriarcal, après lequel on se déclarait ruiné si l’on avait seulement perdu une dizaine de francs. Et, ce pendant, les quadrilles d’Orphée ou de la Vie Parisienne menaient la ronde du plaisir par toute la capitale !

L’été, on se retrouvait à Étretat, dans cette « villa Orphée » qu’il s’était fait construire et qu’il aimait tant. Le même accueil familial vous y attendait. Seulement, malheur aux poètes — comme il nous appelait — qui lui tombaient sous la main quand il avait un ouvrage en préparation ! Il avait l’habitude, à défaut des auteurs de son livret, de mettre l’un ou l’autre à contribution pour les remaniements de vers dont il avait besoin dans son travail. C’est ainsi qu’Albert Millaud avait contribué anonymement à des ensembles du Voyage dans la Lune. Mon tour devait venir aussi.

Un jour qu’il était dans son grand cabinet de travail du rez-de-chaussée, il m’aperçoit dans le