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deux couplets, de musique exquise, et sur lesquels on comptait encore bien plus. Un jour, en arrivant, j’apprends que les couplets sont supprimés :

— Pourquoi ? lui dis-je. C’était un « bis » assuré.

— Je le sais bien. C’est justement pour cela que je les coupe. S’ils n’avaient pas dû produire tant d’effet, je les aurais laissés. Mais ce succès-là nuirait à celui du duo, qui nous est bien plus nécessaire.

Il n’y avait qu’à s’incliner. Mais je connais peu de musiciens qui auraient su ainsi trancher dans le vif.

S’il avait parfois, au théâtre, ses moments difficiles, en revanche, il était, chez lui, l’homme le plus affable, le plus égal et le plus gai qu’on pût rêver. Pour rien au monde, lorsqu’il était à Paris, il n’aurait manqué au dîner de famille qui avait lieu chaque semaine à ce quatrième étage de la rue Laffitte qu’il occupa si longtemps avant de s’en aller au boulevard des Capucines, où il devait mourir. Ces jours-là, il était tout heureux de se trouver avec sa femme, son jeune fils et ses quatre filles, en compagnie de quelques amis, presque toujours les mêmes.