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lui échappait quelque mot par trop dur, il savait immédiatement le racheter.

— Mettez-vous derrière, qu’on ne vous voie pas ! dit-il une fois à une figurante un peu trop mûre.

Puis, aussitôt, voyant la pauvre près de pleurer :

— Non ! Au fait, mettez-vous devant, qu’on vous voie ! Vous en valez la peine.

Et les larmes se changeaient en sourire.

Il avait aussi une façon de dire : « Vous êtes un immbécile ! » en y mettant un tel nombre d’m, que l’épithète en devenait inoffensive et presque amicale.

Et quel prodigieux metteur en scène ! Du geste, de la voix, de la canne — de la canne surtout — il indiquait et scandait les mouvements et manœuvrait les groupes avec une autorité et une netteté qui s’imposaient et qui n’étaient jamais en défaut. Avec cela, l’homme de théâtre qu’il était, ne se laissait, à aucun moment, dominer par le compositeur. Je me souviens qu’il y avait, au troisième acte, un duo, «  le duo de la pomme », sur lequel tout le monde comptait au théâtre — avec raison, d’ailleurs. Dans ce duo, se trouvaient encadrés