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premier résultat fut le Voyage dans la lune.

En lisant un article de Théophile Gautier à propos d’une revue jouée au théâtre du Château-d’Eau, Qui veut voir la lune ? et où la revue n’était qu’un prétexte à broderies éblouissantes, Mortier avait été vivement séduit par la magie de descriptions telles qu’en pouvait imaginer l’étincelante fantaisie du poète d’Émaux et Camées. Dès lors, il ne rêvait plus que d’écrire une pièce se passant dans le monde lunaire et nous avait aisément fait partager son désir. Seulement, si le point de départ se présentait facilement, l’embarras commençait dès l’arrivée de nos personnages dans la lune et nous ne réussissions pas à trouver le fil qui pourrait relier toutes les scènes plus ou moins satiriques et les motifs de décorations que nous avions notés au fur et à mesure de nos conversations.

— Voyez-vous, dis-je une fois à Mortier, je crois que nous perdons nos peines. Comment inventer une action qui se tienne suffisamment, sans qu’il y ait, au moins, deux amoureux ? Et dame ! Que peut bien être l’amour dans la lune ? Il n’y en a pas.

— Vous avez trouvé ! s’écria Mortier. Il n’y en a pas ! L’amour sera inconnu dans la lune et c’est de la terre qu’il y sera apporté. Avec cela, nous avons de quoi établir une pièce !