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Justement, en même temps que commençaient les études de Mademoiselle Moucheron, on préparait à Bruxelles notre Giroflé-Girofla et nous nous préoccupions déjà, avec Lecocq, de trouver, pour le moment où la pièce reviendrait à Paris, une interprète réunissant le charme, la gaîté, la jeunesse, le jeu et le chant — la perfection en un mot, pendant que nous y étions ! Aussi, dès les premiers jours, Leterrier et moi nous étions-nous écriés en voyant répéter l’ex-élève d’Arnoldi :

— Mais la voilà, la Giroflé rêvée !

Et sans plus tarder nous l’avions conduite chez Lecocq.

Le croirait-on ? La première entrevue fut d’abord peu favorable. Granier n’osait pas chanter, ne se livrait pas, n’était plus elle-même enfin, intimidée par les lunettes du compositeur. Celui-ci s’en aperçut ; il ôta les redoutables lunettes, se fit aimable, la remit tout doucement en confiance, et, au bout d’une heure, ravi par cette jeunesse exubérante, cette gaieté originale, tout ce je ne sais quoi qui devait avoir tant de prise sur le public, il s’écriait à son tour :

— La voilà, la Girofle rêvée !

Séance tenante, on échangeait des lettres : pas de Giroflé sans Granier ; pas de Granier sans Giroflé, c’était signé et paraphé. Seulement, jusqu à la fin de l’engagement qui la liait avec la