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le nerf de la guerre. Mais ces canailles, ces bandits, ces voleurs, se contentèrent de parlementer avec la Banque de France, ils n’y entrèrent pas.

Le doux Varlin et l’honnête Jourde, délégués aux Finances, eurent l’inspiration naïve de s’adresser à Rothschild pour lui demander un prêt de 1 million, afin de payer la solde des gardes nationaux. Rothschild leur répondit : « Mais comment donc, un million, deux millions, trois si vous voulez, mais ne touchez pas à la Banque ». Quand les trois délégués se présentèrent le lendemain à la Banque pour toucher les fonds, le directeur, M. Rouland, leur dit :

« J’attendais votre visite. La Banque, au lendemain de tous les changements de pouvoir, a dû venir en aide au nouveau. Je n’ai pas à juger les événements. La Banque de France ne fait pas de politique. Vous êtes un gouvernement de fait. La Banque vous donne aujourd’hui un million ; veuillez seulement mentionner dans votre reçu que cette somme a été réquisitionnée pour compte de la ville. »

Pendant les trois mois de son existence, la Commune dépensa 46 millions. De ces 46 millions, 16 furent fournis par la Banque, le reste par les services publics, l’octroi contribuant pour une douzaine de millions. Et quand on trouva Varlin tué dans les rues de Paris, on le fouilla et fut trouvé porteur seulement des 300 francs qu’on avait eu de la peine à lui faire accepter comme son traitement de membre de la Commune. Quand à Jourde, il déjeunait à la gargotte, son fils allait à l’école gratuite et sa femme allait laver elle-même au lavoir public le linge de la famille. (Applaudissements.)


LES FAUTES

Parlons maintenant des délégués à la Guerre. Il faut le dire, jamais ville ne fut défendue avec autant d’inexpérience. Parmi les généraux de la Commune — à côté de quelques hommes qui moururent en héros — il y eut un grand nombre d’empanachés, misérables et lâches, qui godaillaient pendant que les autres allaient se faire tuer.

Reclus me racontait, qu’aux premiers jours de la Com-