Page:Vandervelde - Vive la Commune.djvu/10

Cette page a été validée par deux contributeurs.

cette odeur de bouquets, le frisson des drapeaux, le murmure de cette révolution qui passe tranquille et belle comme une rivière bleue, ces tressaillements, ces lueurs, ces fanfares de cuivre, ces reflets de bronze, ces flambées d’espoir, ce parfum d’honneur, il y a là de quoi griser d’orgueil et de joie l’armée victorieuse des républicains !

« Ô grand Paris !

« Lâches que nous étions, nous parlions déjà de te quitter et de nous éloigner de tes faubourgs qu’on croyait morts !

« Pardon, patrie de l’honneur, cité du salut, bivouac de la révolution !

« Quoi qu’il arrive, dussions-nous être de nouveau vaincus et mourir demain, notre génération est consolée ! — Nous sommes payés de vingt ans de défaites et d’angoisses.

« Clairons, sonnez dans le vent, tambours, battez aux champs !

« Embrasse-moi, camarade, qui as, comme moi, les cheveux gris ! Et toi, marmot, qui joues aux billes derrière les barricades, viens que je t’embrasse aussi !

« Le 18 mars te l’a sauvé belle, gamin ! Tu pouvais, comme nous, grandir dans le brouillard, patauger dans la boue, rouler dans le sang, crever de faim et crever de honte, avoir l’indicible douleur des déshonorés !

« C’est fini !

« Nous avons saigné et pleuré pour toi. Tu recueilleras notre héritage. Fils des désespérés, tu seras un homme libre ! »


LES MINISTRES DE LA COMMUNE

Mais voilà les fêtes passées, il va falloir se mettre à la besogne, constituer un gouvernement ! Où trouver des ministres ? Thiers est à Versailles. Les vieux républicains de 48, les radicaux, les progressistes ont quitté Paris. Pour former le gouvernement on ne trouva que des prolétaires ou des petits bourgeois ; les uns, il faut le dire, d’une inca-