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que je défendais cette thèse du Congrès de sociologie coloniale, que j’étais un radical.

Radical, dans sa pensée, veut dire un homme qui estime que l’esclavage est toujours intolérable, que la prise d’otages est criminelle, que les expéditions punitives sont atroces, qu’il est indispensable de faire disparaître les formes déguisées d’esclavage. À ce compte, en effet, je suis radical et je suis convaincu que mon ami Lorand s’honorera de l’être aussi.

Mais je reviens à ce que je disais tout à l’heure : l’impossibilité absolue d’attendre une réforme sérieuse de l’État indépendant du Congo et je trouve la preuve de cette impossibilité dans la composition, au moins étrange, de la commission des réformes qui a été établie après l’enquête.

Cette commission se compose de quatorze membres. Parmi ceux-ci, il en est quatre à l’indépendance desquels je rends un nouvel hommage, ce sont MM. Van Maldeghem, Janssens, Nys et Davignon. Par contre, il y en a sept qui sont fonctionnaires de l’État indépendant du Congo, c’est-à-dire du principal accusé, MM. de Cuvelier, Droogmans, capitaine Tombeur, capitaine Chenot, Gohr, Arnold et le capitaine Libbrechts qui a, certes, encouru la plus large part de responsabilité dans l’organisation du système d’exploitation des indigènes.

Je trouve ensuite, dans la commission, le colonel Fivé qui a été l’agent du Roi en Chine et en Perse, M. de Hemptinne, de la société du Kassaï, et enfin, chose presque inimaginable, M. Mols, administrateur de l’Abir, c’est-à-dire de la société à laquelle on reproche les crimes effrayants que relate le rapport de la commission !

C’est exactement comme si, dans une conférence qui aurait pour but d’abolir la traite des nègres, on faisait appel à un négrier ! Dans ces conditions, comment est-il possible d’espérer que cette commission fasse des réformes sérieuses ? Je constate qu’on n’y a fait entrer aucun des hommes qui ont illustré l’œuvre congolaise. Je n’y trouve pas le nom du baron Dhanis, ni celui