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le chemin de fer des Cataractes et avant que ce chemin de fer n’ait été construit. Des milliers de vies ont été sacrifiées sur la route de Matadi au Stanley Pool ; mais quels que soient les regrets que nous inspire cette décimation de la population indigène, tout au moins pouvons-nous, et devons-nous reconnaître, qu’elle a eu ce résultat de rendre le Congo exploitable et de dispenser aujourd’hui les indigènes de la corvée du portage dans la région même où elle fit tant de victimes. Seulement, si elle a disparu dans cette région, elle a été maintenue ailleurs.

Le service de portage est organisé d’une part vers les lacs de Kiva et du Tanganika et, d’autre part, vers l’enclave du Lado, où l’on a établi, dans ces dernières années, d’immenses dépôts de fournitures de guerre.

Or, la commission constate, sur le rapport d’un grand nombre de missionnaires, que ce système de portage « aboutit à la destruction partielle des populations qui y sont soumises ».


La corvée des vivres.


Vient ensuite la corvée des vivres. Les indigènes sont obligés de fournir différentes denrées, et notamment du pain de manioc (chikwangue), aux postes établis par l’État.

La commission constate que ces obligations, en elles-mêmes sont relativement légères : planter du manioc, le préparer, le cuire, le porter, ce sont des travaux agricoles ou ménagers auxquels les femmes indigènes sont habituées depuis longtemps.

Mais on ajoute que, dans certaines régions où il existe des stations militaires, par exemple à Coquilhatville, ce système de prestation des vivres entraîne des conséquences funestes pour la population. Vous allez immédiatement comprendre pourquoi.

Je prends l’exemple de Léopoldville. Il y a là environ