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ces prestations obligatoires pouvaient être groupées sous les rubriques suivantes : 1° l’imposition les arachides ;  2° les diverses corvées : coupes de bois, travail dans les postes, pagayage, portage ;les impositions en vivres ;la récolte les produits domaniaux.

L’imposition en arachides n’existait que dans la région des cataractes ; elle ne donnait pas lieu à beaucoup de plaintes, mais ne rapportait guère de bénéfices réels à l’État ; aussi a-t-elle été supprimée depuis lors. Les coupes de bois, le travail dans les postes, le pagayage n’étaient que désagréables aux indigènes par l’imprévu des réquisitions et leur durée excessive. Par contre, le portage, les fournitures de vivres, l’obligation de récolter les produits du Domaine, donnaient lieu aux plaintes les plus vives et les plus justifiées.

A. Le portage. Le portage obligatoire, comme les autres formes du travail forcé, n’avait été introduit qu’à partir de 1891. Auparavant, l’État, pour se procurer des porteurs, n’avait recours qu’au travail libre, et, en somme, pendant plusieurs années, le service des transports, dans la région des cataractes — la seule route de portage qui existait alors —, fonctionna sans trop de difficultés, sauf quand il y avait des épidémies de petite vérole ou des guerres entre indigènes[1].

Les débuts, certes, avaient été peu encourageants.

Lorsque Stanley remonta le Congo en 1881, avec l’expédition du Comité d’études, il dut faire de pressantes démarches auprès des chefs des environs de Vivi, pour ajouter à sa caravane quarante porteurs indigènes ; encore désertèrent-ils, jusqu’au dernier, après quelques jours de marche. Mais deux ans après, on transportait mensuellement deux ou trois cents charges du Bas Congo à Léopoldville, avec changement de porteurs à Lukungu, et, en 1887, lorsque les transports à effectuer devinrent beaucoup plus considérables, le lieutenant

  1. C’est ce que m’ont affirmé, notamment, M. Francqui, qui s’occupa pendant plusieurs années du recrutement des porteurs pour la route des caravanes, et M. Camille Janssens, qui était à cette époque Gouverneur général.