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dans sa pensée, ce résultat était arrêté d’avance et que ses déclarations humanitaires de 1876 n’avaient eu d’autre but que de dissimuler ses projets véritables.

La vérité est plus simple. Ceux qui travaillaient avec le Roi à cette époque, qui furent ses collaborateurs de tous les instants, virent sa conception évoluer, sous la pression des circonstances : il compta, d’abord, sur l’appui des puissances pour faire œuvre internationale ; puis il dut reprendre à son compte des engagements auxquels d’autres se dérobaient ; il songea — les instructions remises à Stanley en font foi — à créer au Congo une Confédération d’États nègres ; il dut reconnaître, ensuite, que ces États nègres n’existaient point, qu’il n’avait affaire qu’à une poussière de tribus, et que, pour construire le chemin de fer, pour garder la région que traverserait la voie ferrée, il fallait un gouvernement responsable.

Mais que serait ce gouvernement ?

On ne le savait pas encore, bien nettement, en 1884, et, dans les déclarations échangées avec les États-Unis, en vue de la reconnaissance de son drapeau, l’Association africaine continue à affirmer qu’il s’agit de créer au Congo quelque chose d’analogue à l’Association protectrice de Libéria. C’est l’année suivante, seulement, que les intentions du Fondateur prennent leur forme définitive : dans les déclarations qu’il échange avec la Belgique, il n’est plus question d’États nègres ou de colonie internationale : l’État Indépendant du Congo est né ; le roi des Belges y est le seul maître, en attendant le jour où la Belgique prendra sa place.


§ 3. — Les premières années de l’État du Congo


Au moment où l’État fondé par Léopold II était reconnu par tous les gouvernements représentés à la Conférence de Berlin, ses limites étaient encore vagues et incertaines.

Les traités faits avec les indigènes se bornaient à la rive nord du Congo, de Banana à Vivi, aux deux rives du fleuve, de