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d’Irebu et de Lisala, avec un millier de soldats noirs dans chacun et un cadre nombreux d’officiers et de sous-officiers blancs, n’avaient pas de médecin, et le médecin le plus proche se trouvait à un jour de navigation d’Irebu, à trois jours de Lisala. Cette situation a pris fin, au surplus, depuis la visite du ministre des Colonies, à qui j’avais signalé le fait, mais, dans l’ensemble, la situation laisse encore beaucoup à désirer, et ce ne sont pas, certes, les quelques médecins des compagnies commerciales qui peuvent suppléer à l’insuffisance numérique du personnel de l’État.

D’autre part, les médecins, au Congo, se plaignent avec amertume de n’avoir aucune autonomie, aucune liberté d’action et d’être soumis à une discipline militaire qui les place sous la tutelle, parfois peu intelligente et toujours incompétente, des chefs territoriaux.

Le ministre des Colonies, il est vrai, parait avoir été frappé de l’infériorité dans laquelle se trouvent les membres du corps médical vis-à-vis d’autres fonctionnaires. Il a même pris un décret instituant cinq classes de médecins, afin de permettre à ceux-ci, qui ne pouvaient naguère dépasser le grade de capitaine, de s’élever plus haut dans la hiérarchie.

Mais, comme me l’écrivait l’un d’eux, « si ce décret n’est pas suivi d’un autre, qui organise le service sanitaire et lui assure l’indépendance, ce dernier restera un service hypothétique. Il faut bien vous persuader, Messieurs les Représentants, que jusqu’ici, au Congo, il n’y a jamais eu de service sanitaire. Des médecins, oui ; de service sanitaire, par l’ombre. »

II. Les hôpitaux pour noirs. — Il est exact qu’en principe, les indigènes aient droit aux services médicaux et pharmaceutiques gratuits. Seulement, nous venons de voir que les médecins ne peuvent suffire à leur tâche, et, d’autre part, on aurait grand tort de se faire des illusions sur les hôpitaux pour noirs qui existeraient, d’après la brochure citée ci-dessus, dans « tous les postes et stations de l’État ».