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Dans une brochure publiée en 1907, par la Fédération pour la défense des intérêts belges à l’étranger[1], on nous apprend que le corps médical du Congo est organisé depuis 1888, qu’il comptait 14 médecins en 1897, 27 en 1903, plus de 30 depuis lors ; que ce personnel, en majeure partie belge, a pour mission, indépendamment des hôpitaux pour blancs, de diriger les hôpitaux et les lazarets indigènes ; que les services médicaux et pharmaceutiques sont gratuitement accordés à tous les noirs qui en font la demande ; que des commissions d’hygiène publique étendent et poursuivent l’exécution d’un vaste programme d’assainissement, qui fera diminuer de beaucoup la mortalité des blancs et des noirs ; que tous les postes et stations de l’État possèdent un hôpital indigène ; que certains de ces hôpitaux — Boma et Léopoldville, par exemple — ont des installations tout à fait modernes ; qu’indépendamment des mesures prophylactiques, on a établi, contre la maladie du sommeil, de nombreux postes d’observation et des lazarets spéciaux, ainsi que le laboratoire de Léopoldville, qui étudie scientifiquement la redoutable maladie.

Tout cela fait très bien sur le papier.

Dans la réalité, hélas ! les choses se présentent sous un aspect bien différent, et il ne faut pas être longtemps au Congo pour se convaincre que l’organisation sanitaire est terriblement insuffisante, tant au point de vue du service médical que des mesures hygiéniques ou de l’hospitalisation des indigènes et des mesures prises pour combattre la maladie du sommeil.

I. Les médecins. — Au moment de la reprise, il y avait 30 médecins pour tout le Congo, c’est-à-dire pour un territoire grand comme quatre-vingts fois la Belgique. Encore, un assez grand nombre d’entre eux se trouvaient dans le Bas, si bien que, dans le Haut, d’immenses étendues restaient privées de tout service médical. Pour ne citer que deux exemples, lors de mon premier voyage, en 1908, les grands camps d’instruction

  1. L’assistance médicale indigène au Congo.