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une coutume mauvaise que de soumettre, d’autorité, les indigènes à des lois qui n’ont pas été faites pour eux et par eux.

Cette politique de non-intervention, ou, du moins, d’intervention discrète et prudente, a d’ailleurs fait ses preuves. L’Angleterre, depuis longtemps, la pratique avec succès dans toute l’étendue de son empire, et rien ne ressemble moins, par exemple, au gouvernement autoritaire et centralisé du Congo, que l’administration des protectorats anglais de l’Afrique occidentale.

Il va sans dire, au surplus, que si nous sommes résolument hostile à des coups d’autorité qui, sous prétexte d’introduire la civilisation, font, en général, plus de mal que de bien à ceux que l’on veut protéger et moraliser, nous ne sommes nullement d’avis que l’action socialiste eu faveur des indigènes doit être purement négative et se borner à poursuivre l’abolition des mesures qui leur ont enlevé, ou tendent à leur enlever la propriété de leurs terres, la libre disposition de leur travail, l’autonomie de leurs institutions.

En Europe, notre politique sociale, tout en ayant pour but final l’abolition du régime capitaliste, s’efforce, dans les cadres même de la société actuelle, d’améliorer le sort des travailleurs. De même, notre politique indigène, tout en ayant pour but final l’affranchissement complet des peuples colonisés, doit veiller, dans le présent, à améliorer leur sort par des mesures qui les protègent contre les maladies et la dégénérescence, qui les aident à mettre leur sol en valeur, et qui tendent à élever leur niveau moral et intellectuel.


§ 2. — L’assistance médicale.


Dans les régions où les sauvages sont réellement livrés à eux-mêmes et où, soit les Arabes, soit les Européens, ne leur ont pas apporté la petite vérole, la syphilis, la maladie du sommeil, l’alcoolisme, leurs conditions de vie sont, en