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C’est à cette politique qu’il faut opposer, nous ne dirons pas la politique coloniale, mais la politique indigène des partis socialistes.

Notre rôle, en effet, dans les colonies comme ailleurs, ne doit pas être de favoriser le développement du capitalisme — il se développe fort bien sans nous —, mais d’assurer la protection et de favoriser l’émancipation des exploités du capitalisme, quelle que soit leur couleur et leur race.

Et, pour assurer cette protection, pour favoriser cette émancipation, ne faut-il pas seulement, dans les colonies, améliorer autant que possible le régime des terres et le régime du travail, mais, en matière gouvernementale, lutter contre les tendances autoritaires qui menacent les institutions et les coutumes indigènes et visent à imposer, de gré ou de force, aux populations soumises, les lois et les institutions de l’Europe.

Telles sont, en matière de politique indigène, nos idées générales. Il nous reste à en indiquer les applications, au point de vue spécial du Congo.


§ 1. — Les réformes administratives.


Félicien Cattier a décrit, en quelques pages magistrales, l’organisation gouvernementale du Congo, à la veille de l’annexion par la Belgique : tous les rouages administratifs mis en mouvement par la volonté, et la seule volonté d’un monarque absolu, gouvernant de Bruxelles, sans avoir jamais mis les pieds en Afrique ; une hiérarchie de fonctionnaires se bornant à transmettre les ordres venant d’en haut, avec l’obéissance passive qu’impose la discipline militaire ; des agents subalternes mal payés, recrutés au hasard, peu instruits pour la plupart et sans préparation coloniale ; une Force publique plus nombreuse que dans toute autre colonie africaine, vivant sur le pays et faisant régner la terreur dans les villages ; bref, une occupation par droit de conquête, appli-